Entre tension et émotion, le texte a franchi la première étape du vote à l'Assemblée. Rendez-vous au Sénat en avril.
Encerclée par une armada de CRS chargés de contenir quelques
dizaines de manifestants emmenés par Frigide Barjot, l'Assemblée nationale a
finalement voté dans une ambiance chargée le projet de loi sur l'ouverture du
mariage aux couples de même sexe. 329 députés ont voté oui, contre 229 contre
et 10 abstentions.
Peu de surprise, pour ne pas dire aucune, dans le détail des
votes. L'UMP dans sa grande majorité a voté contre le texte, le groupe ne
compte que 5 abstentionnistes, la députée du Calvados Nicole Ameline s'étant
joint Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire, Pierre Lellouche et Edouard
Michel qui l'avaient annoncé. A gauche, quatre députés ont voté contre:
Bernadette Laclais (Savoie), Jérôme Lambert (Charente), Patrick Lebreton
(Réunion) et Gabrielle Louis-Carabin (Guadeloupe).
"Nous regardons
l'avenir, vous vous enfermez dans un symbole"
Pendant les questions au gouvernement qui précédaient le
vote, le climat fut particulièrement lourd. D'abord, les députés de l'UDI ont
quitté l'hémicycle, mécontents que le Premier ministre ne leur réponde pas sur
le budget européen. Le président de l'Assemblée d'ordinaire si calme a laissé
échapper : "Allez sortez abrutis!". Les députés UMP à leur tour ont
progressivement quitté les bancs pendant la réponse de Pierre Moscovici sur
PSA, agacé par le ton employé par le ministre.
Il était donc temps de voter après dix jours de débat
parfois houleux, soit près de 110 heures en tout rythmées par l'étude des
quelques 5.000 amendements déposés principalement par l'opposition. "Cette
réforme s'inscrit dans une longue lignée de réformes républicaines",
souligne Jean-Marc Ayrault. Hervé Mariton chargé de l'explication de vote pour
l'UMP, ne l'entend pas de cette oreille. Il n'a cessé de le dire partout, à
l'assemblée et dans tous les médias, depuis des semaines. "Nous regardons
l'avenir, vous vous enfermez dans un symbole", lance-t-il en direction du
banc du gouvernement. Il implore quelques minutes avant le vote les députés
socialiste à se "libérer" du prétendu joug de la majorité qui les
obligerait à voter pour ce texte.
"Merci d'avoir apporté votre pierre à l'édifice"
"Ce que nous allons voter dans quelques minutes va
changer la vie d'hommes et de femmes", explique au contraire l'écologiste
Sergio Coronado quelques minutes plus tard à la tribune. Le groupe EELV est
d'ailleurs le seul à avoir voter à l'unisson en faveur du texte. A Christiane
Taubira il s'adresse tout particulièrement : "Merci Madame, merci d'avoir
apporté votre pierre à l'édifice".
La Taubiramania qui s'est emparée d'une partie de la classe
politique devrait se poursuivre, alimentée par les quelques phrases prononcés
par la ministre de la Justice à l'issue du vote. "Il y a des choses que ce
texte ne pourra pas accomplir. Il ne supprimera pas le jeu amoureux, ni chez
les homosexuels ni chez les hétérosexuels", a plaisanté la Garde des
Sceaux avant de conclure en citant Levinas. "'Penser autrui relève de
l'irréductible inquiétude pour l'autre'. C'est ce que nous avons fait tout au
long de ce débat." Un discours qui lui a attiré une nouvelle fois les
applaudissements nourris des rangs de la majorité tandis que l'opposition
quittait déjà l'hémicycle.
"Voter contre c'est promettre de revenir sur le
texte"
Mais pour autant, l'UMP ne s'avoue pas vaincue. "On va
continuer, le combat n'est pas terminé", assurait Hervé Mariton en début
d'après-midi. Mais sur la suite, l'opposition diverge. Pour Pierre Lellouche,
"voter contre, c'est promettre de revenir sur le texte" si la droite
revient au pouvoir et c'est pour cette raison qu'il aura préféré s'abstenir,
"par principe de réalité".
"Il ne s'agit pas de démarier mais de réécrire le
texte", explique Mariton. Les couples mariés le resteront, mais ce ne sera
plus possible de le faire ensuite. "Ni Monsieur Lellouche, ni Monsieur
Mariton ne sont là pour dire ce que fera un futur gouvernement", s'énerve
Patrick Ollier. Pour l'ancien ministre la droite ne reviendra que sur la partie
"filiation".
Et l'UDI Yves Jégo de relativiser : "les meilleurs
défenseurs du Pacs sont à droite aujourd'hui, ça laisse de l'espoir pour
l'avenir"
Source : Le nouvel observateur
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