jueves, 17 de octubre de 2013

Les auteurs d’un rapport sénatorial s’alarment de la situation sanitaire et sociale des personnes prostituées.



EXCLUSIF. Les auteurs d’un rapport sénatorial s’alarment de la situation sanitaire et sociale des personnes prostituées.

 Revue de détail de leurs propositions.


Ils ont participé aux maraudes de rue de l’association du Bus des femmes, entendu quarante personnes, voyagé en Italie et en Belgique… Après neuf mois de travail, les sénateurs Chantal Jouanno (UMP) et Jean-Pierre Godefroy (PS) appellent à « changer le regard » sur la prostitution. Publié ce matin après avoir été adopté à l’unanimité en commission, leur rapport, que nous révélons en exclusivité, lance un cri d’alarme sur « la situation sanitaire et sociale des personnes prostituées »
Et propose un éventail de mesures très concrètes pour faciliter leur accès aux soins et aux droits. L’objectif : les aider et les inciter à trouver « une voie de sortie ».

« Notre choix a été de ne pas traiter des questions légales (NDLR : racolage, pénalisation du client), qui divisent, afin d’aboutir à des propositions applicables quelles que soient les évolutions législatives ultérieures », souligne Chantal Jouanno. « Le sort de 20000 à 40000 personnes, dont la grande majorité est esclave de réseaux de traite, ne peut laisser indifférent », martèle Jean-Pierre Godefroy.

Précarité et vulnérabilité

Qu’elles exercent dans la rue ou sur Internet, qu’elles soient indépendantes (« traditionnelles ») ou étrangères victimes des réseaux de traite, les personnes prostituées souffrent d’un état de santé « très préoccupant », constate le rapport. Aux risques liés à leur activité (exposition au VIH, aux IST, troubles gynécologiques…) s’ajoutent ceux résultant de conditions de vie précaires (addictions, troubles psychiques…). Très exposées aux violences, souvent en difficulté de logement, elles voient leur accès aux droits sociaux et aux soins freinées par « la stigmatisation » dont elles sont l’objet. « Inverser le regard, c’est les considérer comme de présumées victimes et non plus comme de présumées coupables », insistent les sénateurs, citant en exemple la médiation en œuvre à l’hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine).

Le modèle italien

Toute personne prostituée souhaitant arrêter doit donc bénéficier d’un « accompagnement social global », estiment les sénateurs. Il comporterait, notamment, des remises fiscales gracieuses, des aides financières de soutien à la réinsertion, des accès prioritaires à l’hébergement d’urgence et au logement social. Quant aux victimes des réseaux, il s’agirait de transposer « le modèle de la politique d’insertion » conduite en Italie. « Là-bas, la lutte contre la traite est assimilée à la lutte antimafia, et les victimes protégées dès leur sortie, un peu à la façon des repentis », expliquent-ils. Délivrance de titres de séjour sans condition de dénonciation des proxénètes, créations de « maisons de fuite » ou redistribution à leur profit des saisies de l’argent du crime… Ces dispositions « gêneraient les trafiquants », estiment les sénateurs.

Le client, cet inconnu

Le rapport Jouanno-Godefroy ne se prononce pas sur la question de la pénalisation des clients de la prostitution, objet par ailleurs d’une proposition de loi à l’Assemblée. Mais il souligne leur responsabilité à plusieurs reprises. Sur le plan sanitaire, avec « l’augmentation, ces dernières années, des demandes de rapports sexuels non protégées », une tendance inquiétante constatée par les associations de terrain. Quant aux violences subies par les prostituées, ils sont parmi les principaux auteurs. Or « on ne sait rien des clients », soulignent les sénateurs, sinon qu’un homme sur quatre de plus de 50 ans dit avoir eu un rapport sexuel payant dans sa vie. « Il faut encourager les travaux de recherche », recommandent-ils.

 « Situation sanitaire et sociale des personnes prostituées : inverser le regard ». www.senat.fr.


Sources : Le Parisien

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