La Cour administrative d'appel de Stockholm estime que l'obligation de stérilisation des trans constitue une violation de la loi fondamentale suédoise et de la Convention européenne des droits de l'Homme. Depuis aujourd'hui, elle n'est donc plus appliquée.
Depuis quarante ans, les trans suédois n'avaient pas le
choix: s'ils voulaient changer de sexe sur le papier, ils devaient d'abord se
faire stériliser. Comme en France, les associations n'ont eu de cesse de se
battre pour faire changer la loi jugée discriminatoire. Après des années, elles
viennent d'obtenir gain de cause: mi-décembre, un tribunal du royaume
scandinave a donné raison à un homme qui refusait de se soumettre au règlement
imposé par l'Office national de la santé et de la prévoyance (Socialstyrelsen),
exigeant qu'il subisse une intervention chirurgicale avant de pouvoir changer
de sexe à l'état civil.
Depuis aujourd’hui, ce jugement fait jurisprudence en Suède.
Poussé par l'opposition de gauche, le gouvernement de centre-droit avait promis
il y a un an de modifier la loi d'ici l'été 2013. La Justice l'a pris de
vitesse. Dans son jugement du 19 décembre, la Cour administrative d'appel de
Stockholm estime que l'obligation de stérilisation constitue une violation de
la loi fondamentale suédoise et de la Convention européenne des droits de
l'Homme, et qu'elle discrimine les personnes trans.
Des réparations
«Ce jugement est une grande victoire pour les droits de
l'Homme, se félicite Immanuel Brändemo (photo ci-contre), vice-président de
l'association Kim, qui représente les personnes transgenres en Suède.
Cependant, précise-t-il, il est insuffisant pour ceux et celles qui ont dû
subir une stérilisation». Environ 500 personnes, selon l'Association de défense
des droits des homosexuels (RFSL). Tous, estime Immanuel Brändemo, devraient
«obtenir réparation pour les abus qu'ils ont subi» et «avoir la possibilité de
demander des dommages et intérêts».
L'association RFSL a d'ores et déjà annoncé qu'elle était
prête à mener une action en justice contre l’État suédois en ce sens. Pour le
moment, elle représente 76 plaignants. D'autres pourraient se manifester. Leur
avocate, Kerstin Burman, a fait savoir qu'elle espérait obtenir 200.000
couronnes (soit plus de 23.000 euros) par personne. Mais les plaignants,
explique-t-elle dans le quotidien Svenska Dagbladet, sont surtout en quête
d'une reconnaissance par l’État du tort qu'ils ont subi.
La France à la traîne
L'avocate est optimiste. Non seulement parce que la Cour
européenne des droits de l'Homme a déjà soutenu des demandes similaires et que
l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a adopté, le 29 avril 2010,
une résolution prévoyant de ne plus conditionner la rectification de l'état
civil des personnes trans à une stérilisation obligatoire. Mais aussi en raison
d'un précédent en Suède: en 1999, le parlement a adopté une loi prévoyant
d'indemniser à hauteur de 175.000 couronnes (environ 20.500 euros) les
personnes stérilisées de force entre 1934 et 1976, dans le cadre d'un programme
eugéniste.
La Suède n'est pas le premier pays à abroger la
stérilisation forcée des trans. En Europe, l'Allemagne et la Suisse l'ont
précédé. La France, quant à elle, reste à la traîne, au grand dam des
associations, qui continuent d'exiger une modification de la loi.
Source: Têtu
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