martes, 13 de mayo de 2014

Droit de Transgenres Philippines



Le combat des transsexuelles philippines

Elles sont chanteuses, danseuses ou coiffeuses. Elles sont en général bien tolérées dans la rue, mais souffrent de discriminations à l’embauche. Et l’Etat philippin leur refuse toute reconnaissance légale, ainsi que toute protection juridique.
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Les transsexuelles représentent une vraie force de travail aux Philippines, et commencent à s’émanciper. Mais elles font face à des institutions rigides influencées par un clergé catholique très conservateur.

Aujourd’hui, elles se battent pour le passage de la première loi contre les discriminations sexuelles.

Rica Paras incarne l’exemple d’une réussite professionnelle fulgurante. A 28 ans, cette jolie femme est devenue l’une des consultantes les plus en vue de Hewlett-Packard Philippines, et les formations techniques dispensées par cette diplômée en mathématiques sont demandées aux quatre coins du monde : en Europe, en Chine ou en Amérique du Sud, les compagnies multinationales s’arrachent son expertise. Un parcours impressionnant. Surtout quand l’on sait que Rica est une transsexuelle. Celle qui est née Richard Paras a toujours su qu’elle était «une femme dans un corps d’homme», et dès l’âge de 16 ans, quand a quitté le foyer familial, Rica a initié sa «transition», en se maquillant et en portant des vêtements de femme.

« Quand je me suis présentée aux premiers entretiens d’embauche, j’étais habillée ainsi, raconte Rica, vêtue d’un élégant tailleur bleu qui lui arrive à mi-cuisses. Les employeurs étaient déstabilisés, mais je leur ai expliqué mon histoire, et ce que je pouvais apporter à leur entreprise. J’ai une très grande confiance en moi, affirme Rica, et cela me permet d’affronter les attaques et les discriminations».

Dans les rues de Manille, il est courant de voir des hommes travestis en femmes, ou de belles transsexuelles affirmées. Leurs talents artistiques ainsi que leur exubérance en font des animateurs hors pair, très prisés par les cabarets de Manille ou les émissions de télévision. Leur nombre est difficile à estimer, mais leur importance demeure indéniable : selon un sondage réalisé par l’Université des Philippines réalisé en 2002, 7,6% des jeunes de 15 à 24 ans ont exprimé le désir de changer de sexe.

Il y a 7 siècles, les Babaylan

Le transsexualisme est très ancien aux Philippines : au 14e siècle, des hommes travestis en femmes, appelés «Babaylan», étaient considérés comme des demi-dieux, dont le rôle était d’apaiser le courroux des divinités.
Cependant, cette position sociale privilégiée s’est effacée avec la colonisation espagnole de l’archipel, entre le 15e et la fin du 19e siècle. L’Eglise catholique a imposé une chape conservatrice sur ces «déviances». Et son clergé continue, à l’heure actuelle, de tout faire pour empêcher l’émancipation des transsexuelles.

Sass Rogando Sasot, une jeune et sobre transsexuelle, garde un traumatisme profond de son éducation dans une école catholique pour garçons, où elle avait commencé à porter des vêtements féminins : «Mes camarades m’avaient élu comme représentant au conseil de classe, mais la direction s’y est opposée, car selon eux, j’offrais une mauvaise image de l’école, raconte-t-elle. Puis après mon baccalauréat, ils ont refusé que je me présente dans leur université. J’ai donc interrompu mes études.»

Des cas similaires de discrimination se retrouvent à l’heure de l’embauche : «Quand je me suis présentée pour un travail en centre d’appels, le recruteur m’a dit qu’ils n’employaient pas d’homosexuels comme moi, “avec des seins et des boucles d’oreille“», témoigne Bemz Benedito.

Cette transsexuelle ne s’est toutefois pas laissé faire : elle s’est nourrie de cette expérience pour porter le combat aux portes du Parlement : elle fut en mai 2010 la première candidate transsexuelle du pays pour un poste de député. Cette candidature, même infructueuse, est déjà une réussite pour son parti de défense des droits des homo et transsexuels Ang Ladlad. Surtout que leur principale revendication est à présent portée par un autre parti de gauche : l’organisation Bayan Muna vient de déposer une proposition de loi contre les discriminations sexuelles, qui offrirait enfin à toutes ces transsexuelles un recours légal face à toutes ces humiliations.


Source : Les voix du monde

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